Il n’est jamais simple d’exister face à un mastodonte en position de quasi-monopole. Depuis de nombreuses années, les simulations de football se limitent à FIFA et Football Manager. L’un cherche à reproduire l’action d’un véritable match et l’autre la stratégie de gestion mise en place depuis les bureaux. Mais, il existe une autre simulation de football, autrefois considérée l’égale de FIFA mais plus ou moins ignorée aujourd’hui : Pro Evolution Soccer.
Oui, PES existe encore en 2024 ! Ou presque, car la licence a dû changer de formule depuis quelques années déjà.
Pro Evolution Soccer 2001
Fort des succès d’ISS, la licence précurseur de PES, Konami sort le premier PES en 2001 sur Playstation 1 & 2. C’est un succès unanime, loué pour son approche ahurissante de réalisme alors que la concurrence se cantonne à une approche de fun immédiat mais simpliste héritée des bornes d’arcades. C’est la première fois qu’une distinction est faite entre « simulation » et « arcade » dans les jeux de foot.
Avec ce millésime 2001, PES parvient à rassembler les puristes comme les footeux plus occasionnels, voire même des joueurs occasionnels puisque le jeu s’écoule à 2 millions d’exemplaires.
La guerre FIFA vs. PES
À partir de là, un épisode PES sortira chaque année. Parmi les épisodes les plus marquants on retiendra :
- PES 2003 : avec sa refonte du moteur graphique
- PES 2005 : souvent considéré comme le meilleur épisode de la série
- PES 2009 : avec l’ajout du mode « Become a Legend » inspiré du mode « Deviens Pro » de FIFA, un aveu du retard pris par Konami.
Durant ces années, PES domine le genre, et même le monde du jeu vidéo dans son ensemble. Les épisodes 2005 et 2006 sont même les produits culturels les plus vendus dans de nombreux pays d’Europe durant leur année de sortie respective. FIFA tente de compenser son retard, notamment en s’appuyant sur ses plus nombreuses licences officielles et davantage de marketing (en particulier aux US), mais cela ne suffit pas. À la manière d’un MightyTips qui vous aide à trouver le meilleur site pour parier sur le sport de votre choix, la presse jeux vidéo recommande systématiquement PES. Mais FIFA travaille dur pour équilibrer les cotes.
Cette opportunité vient avec la démocratisation de la PS3 et la Xbox 360 qui porte un coup à Konami. Développer sur la console Sony est très compliqué, et la console de Microsoft est logiquement moins maîtrisée au Japon où elle ne se vend pas très bien de toute façon. Avec en plus les portages sur Wii et les épisodes sur PS2, c’est trop pour Konami.
Electronic Arts, plus gros et plus diversifié en profite pour mettre le paquet et entamer sa renaissance après presque une décennie de domination PES. L’épisode 2009 fait un peu mieux que le plantage de PES 2008 mais Gamespot appelle à l’époque à « une refonte complète du système » et GameRevolution le qualifie de « jeu qui a l’air l’odeur et la sensation de regret d’une gueule de bois ». Ouch.
PES 2020 : l’année du changement ?
Konami redresse la barre en 2010 et 2011, mais PES ne parvient pas à récupérer son retard sur FIFA, malgré son manque d’améliorations au fil des épisodes. Mais PES 2012 se plante complètement, ne suit pas la mode du foot réel, fait de possessions, de redoublements de passe et de jeu construit depuis le milieu de terrain.
Le point de non-retour est atteint en 2015, quand Konami propose un PES presque unanimement supérieur à FIFA 15 bourré de bugs et bien moins réaliste. Pourtant, Pro Evolution Soccer 2015 ne se vend pas. Dans l’imaginaire collectif, PES appartient déjà au passé et tout le monde achète FIFA, notamment par habitude ou pour jouer en ligne avec ses amis.
Malgré un manque de renouvellement, la base et la popularité de FIFA sont bien trop solides pour PES qui ne rattrapera jamais son retard. Konami tente un dernier sursaut marketing en accolant le préfixe eFootball à PES 2020 et PES 2021, et quelques changements de forme plutôt que de fond.
Certes, l’ajout de nombreux championnats sous licence est bienvenu, ainsi qu’une mise en scène et des modélisations des joueurs plus soignées, mais le gameplay n’est guère transcendé. Les années se suivent et se ressemblent pour PES 2020 comme pour PES 2021 qui restent des épisodes de transitions corrects, mais sans plus.
Le passage au free-to-play
Pas de Pro Evolution Soccer en 2022, Konami abandonne définitivement le nom pour ouvrir la page eFootball. Et c’est le drame. Criblé de problèmes techniques, la version free-to-play se fait allumer par les joueurs et la presse, jusqu’à devenir le bide de l’année.
Ce qu’on aurait appelé PES 2023 ou PES 2024 ne sont donc plus « que » des mises-à-jour d’eFootball à télécharger gratuitement. Sacrées updates tout de même, valable pour toute une année footballistique qui actualise les effectifs et ajoute de nouvelles touches a au système de jeu. L’IA notamment est retravaillée chaque année et eFootball est désormais un concurrent sérieux à FC Sports (ancien FIFA), ce qui n’était pas gagné au vu de son départ catastrophique il y a 3 ans… Konami a d’ailleurs pris soin de fêter cette remontada en mai dernier, lorsqu’eFootball atteignait la barre symbolique des 750 millions de téléchargements.
