Dans les dédales de la cité phocéenne, résonne encore l’écho d’une tragédie. En 2018, le drame des effondrements des immeubles de la rue d’Aubagne a marqué Marseille, laissant en suspens un douloureux chapitre pour de nombreuses victimes. Cinq années ont passé depuis, et pourtant, les séquelles demeurent tenaces.
Un souvenir douloureux, la justice en dernier recours
Sejo Ferdinand, sa femme et sa fille comptent parmi les victimes directes de cette catastrophe. Forcés d’abandonner précipitamment leur appartement en 2018 suite aux effondrements, leur parcours du combattant pour retrouver un toit n’a fait que commencer. De la rue à la nomadie d’un hôtel à un studio provisoire, avant de bénéficier d’un logement temporaire financé par la mairie de Marseille, leur sort n’a cessé de se dégrader. Leur combat face à l’adversité laisse des traces indélébiles : « Ma femme et ma fille ne sont pas bien, elles ne passent jamais par là. Elles sont traumatisées », déplore Sejo Ferdinand.
Aujourd’hui, ils empruntent la voie judiciaire, réclamant 5 000 euros de préjudice moral à leur propriétaire, comme une ultime forme de reconnaissance pour leur calvaire.
La crise du logement à Marseille, une épidémie silencieuse
Le logement de Sejo Ferdinand est loin d’être isolé dans cette problématique. Les milliers d’habitats évacués suite à ce drame constituent la partie émergée d’une profonde crise du logement qui frappe Marseille.
Par exemple, quatre ans après le drame, Farid a pu réintégrer son appartement en septembre dernier, après avoir dû se contenter d’un logement provisoire. Son retour s’est apparenté à une renaissance amère : ses possessions, jetées à la poubelle durant les travaux, lui laissent un goût amer et un sentiment d’abandon. “Vous devez tout racheter : le sommier, la machine à laver, le frigo ». Pour Farid, bénéficiaire du RSA, le manque d’accompagnement aggrave son amertume.
Cette saga tragique témoigne de la précaire situation du logement locatif à Marseille. La crise de l’habitat s’enracine et frappe indistinctement, laissant les plus démunis en première ligne.
Depuis l’effondrement de la rue d’Aubagne à Marseille en 2018, les victimes et la population attendent toujours que justice soit faite. Cinq ans après, les cicatrices restent béantes et le besoin d’un logement décent se fait plus pressant que jamais, rappelant l’urgence d’une prise de conscience collective.